Une étude du Research Triangle Institute (RTI) [1] a récemment calculé l'impact économique des connaissances issues de la recherche et du développement (R&D) à l'aide de faisceaux de neutrons et qui ont été utilisées pour développer des disques durs d'ordinateurs.
Les recherches menées aux États-Unis et au Canada sur les matériaux magnétiques à l'aide de faisceaux de neutrons ont été déterminantes pour comprendre les principes de base du fonctionnement des disques durs, notamment le phénomène de la magnétorésistance géante (GMR). Ces recherches ont eu lieu au début des années 1990, alors que des entreprises telles qu'IBM et Seagate en étaient aux premiers stades du développement de disques durs basés sur la GMR. Ces connaissances scientifiques ont permis de très importants progrès technologiques, ce qui a permis de réduire considérablement le coût de la mémoire des ordinateurs. L'étude de RTI a calculé que le bénéfice pour les consommateurs américains de la baisse des coûts de la mémoire informatique entre 1998 et 2005 s'élevait à une valeur actuelle de 114 milliards de dollars, sans tenir compte des autres avantages liés à l'utilisation généralisée de ces ordinateurs dans l'économie.
Les contributions du Canada aux programmes scientifiques sur la GMR comprenaient des mesures de réflectométrie de neutrons polarisés, effectuées au réacteur NRU des laboratoires de Chalk River. Leur objectif était de caractériser l'effet de la GMR dans divers matériaux. En outre, un doctorant qui avait travaillé sur ces mesures a été recruté par Seagate après avoir obtenu son diplôme, apportant à l'entreprise ses connaissances et son expérience alors que le premier disque dur GMR commercial de Seagate était encore en développement.
Les faisceaux de neutrons sont idéalement adaptés à ce type de recherche et, sans les mesures effectuées dans les sources de neutrons nord-américaines, la commercialisation des disques durs GMR aurait demandé beaucoup plus de temps. L'étude de RTI a calculé la part de l'impact de 114 milliards de dollars imputable à la recherche qui s'était appuyée sur les installations neutroniques, en partant de l'hypothèse que la recherche n'aurait fait gagner que deux ans à la commercialisation. Les résultats estiment l'impact des installations neutroniques américaines à 10 milliards de dollars (source : RTI). Plus de la moitié de la valeur actuelle de tous les investissements américains dans leurs trois principales installations neutroniques sur 70 ans (18 milliards de dollars sur la période 1960-2030) a été amortie par ce seul domaine de recherche sur une période de 7 ans seulement (1998-2005).
De même, le Canada récupère de la recherche sur disque dur tous ses investissements directs dans les laboratoires de faisceaux de neutrons. L'impact économique des disques durs moins coûteux peut être estimé à 9 milliards de dollars en ramenant ce chiffre à l'échelle de l'économie canadienne, dont 800 millions de dollars qui peuvent être attribués à la recherche utilisant des neutrons. En comparaison, la valeur actuelle des investissements du Canada dans les laboratoires de faisceaux de neutrons sur 70 ans est d'environ 750 millions de dollars. Cette estimation comprend le coût direct du laboratoire de faisceaux de neutrons et la part attribuée du coût d'exploitation des sources de neutrons. Ces sources de neutrons, le réacteur NRU du Canada et son prédécesseur, le réacteur NRX, étaient des installations polyvalentes principalement justifiées par leur utilisation pour la production d'isotopes et le développement de l'énergie nucléaire.